APPEL A PARTICIPATION ADRESSE LE 14 MAI AUX PROFESSIONNELS DU CINEMA

Publié le par ciac

 

 

Le cinéma en Tunisie a connu des hauts et des bas comme dans tous les pays du monde. Aujourd’hui la situation est quelque peu paradoxale pour ne pas dire chaotique. D’une part, l’extinction des salles de cinéma, le piratage massif, les velléités de production et une qualité globalement insatisfaisante des films sont des points noirs majeurs. D’autre part, la démocratisation du matériel, la formation de nouveaux créateurs et techniciens de films sont quelques lueurs d’espoir pour l’avenir.

 

Le Ministre de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine a annoncé la création d’une « COMMISSION NATIONALE POUR LA REFORME ET LE DEVELOPPEMENT DU CINEMA ET DE L’AUDIOVISUEL ». Cette commission est présidée par Férid Boughedir, lui-même secondé par Néjib Ayed. Une première réunion de travail pour décider des grandes lignes de réflexions et de propositions s’est tenue à Hammamet les samedi 11 et dimanche 12 avril. Elle a réuni une trentaine d’acteurs dans le paysage cinématographique tunisien. A la suite de cette première réunion, huit sous-commissions ont été créées  et les membres de la commission se sont partagés sur chacune d’elles : production / distribution-exploitation / culture cinématographique / rapport cinéma-télévision / formation et organisation du métier / industrie cinématographique / fiscalité / Centre National du Cinéma et de l’Audiovisuel.

Le moment est capital pour le cinéma en Tunisie car de cette réflexion peut émerger un projet global qui sortira enfin notre cinéma national du marasme dans lequel il est piégé depuis des années. Tout le métier a accueilli favorablement cette ouverture au dialogue, aux propositions et à la construction par tous d’une réforme globale.

Malheureusement, nombreux disfonctionnements, vices de forme et même incidents sérieux ont émaillés le lancement et le travail de cette commission (et des 8 sous-commissions qui la composent). Par exemple, la constitution elle-même de cette commission (et de ses sous-commissions) a été effectuée de manière confidentielle et injuste. Elle est très largement monopolisée par les mêmes personnalités qui évoluent dans le paysage cinématographique du pays depuis une trentaine d’années (voire plus) d’une part et par certains producteurs et plus précisément certains producteurs du Syndicat des producteurs d’autre part. Ainsi, les cinéastes, les techniciens, les militants culturels associatifs cumulés se retrouvent très minoritaires par rapport aux producteurs et même minoritaires par rapport au Syndicat des Producteurs (lui-même non-représentatif de toute la palette des producteurs évoluant aujourd’hui en Tunisie). Quant aux experts (juristes, économistes, etc.), chercheurs, critiques et créateurs d’autres disciplines artistiques, ils sont tout simplement totalement absents. Certains autres disfonctionnement importants peuvent être signalés rapidement : plus de trois semaines après la réunion préliminaire d’Hammamet, trois sous-commissions n’ont pas encore commencé leurs travaux sachant qu’il leur faut rendre leur rapport au milieu du mois de juin ; l’acceptation ou non de personnes autres que les trente suscités au sein des sous-commissions après la réunion d’Hammamet se fait de manière arbitraire (certaines personnes sont acceptées, d’autre pas, d’autres acceptées puis refusées puis ré-acceptées, etc.) ; le déroulement lui-même des réunions régulières des sous-commissions est pour le moins chaotique (les différentes discussions et propositions sont notées sur les rapports ou refusées selon les intérêts personnels et non pas l’intérêt général) ; etc.

Au vu de ces nombreux disfonctionnements, et même d’une certaine forme d’exclusion, un collectif libre et informel se constitue au fur et à mesure pour faire entendre sa voix et pour essayer de faire en sorte que la construction de la réforme du secteur se fasse sur des bases saines, transparentes et juste. Le travail que ce collectif commence à entreprendre se fait sur deux plans entrelacés : un travail de réflexion soutenu par des actions concrètes. Une lettre à la fois fortement favorable à un projet de réforme mais en même temps contestant la manière dont cette réforme a été amorcée a été signée par une soixantaine d’acteurs du milieu du cinéma (plus particulièrement les nouveaux réalisateurs, producteurs, assistants réalisateurs, chefs opérateurs, ingénieurs du son, monteurs, étudiants…) puis envoyée au Ministre de la Culture. Un groupe ouvert à tous et à toutes les idées et propositions se réunit pour rédiger un deuxième rapport qui sera envoyé au président de la commission ainsi qu’au ministre de la culture. Des membres de ce groupe s’imposent petit à petit au sein des sous-commissions en essayent d’être les porte-paroles des idées et des revendications qui sont pour le moins tues au sein de la commission.

De plus, ce collectif ne conçoit pas l’engagement pour et dans le cinéma comme relevant d’un laps de temps restreint. Il se construit actuellement sur la base de l’idée que ce moment n’est qu’un début et que les rapports qui seront envoyés au ministre (celui de la commission et celui du collectif) ne sont que des premières pierres qu’il faudra continuer à consolider jusqu’à ce qu’en Tunisie le cinéma retrouve le rôle artistique et industriel qui lui est dû. Les objectifs clairs à long terme du collectif sont la création d’un Centre Tunisien De la Cinématographie et d’une Cinémathèque puissants, une sortie progressive du piratage et la construction d’un tissu de salles digne de ce nom, une production qualitativement et quantitativement importante et une organisation juste et équitable du secteur.

Le collectif vous envoie cette lettre pour vous appeler à participer à son action et/ou émettre vos propositions et/ou soutenir ses idées, dans un souci de diversité dans l’aspiration d’une construction collective d’un nouveau cinéma tunisien.


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