REFORME ET DEVELLOPEMENT DU SECTEUR CINEMATOGRAPHIQUE EN TUNISIE : L'ENSEIGNEMENT ET LA FORMATION

Publié le par ciac


 

III

L’ENSEIGNEMENT ET LA FORMATION


 

 

A - INTRODUCTION

 

 

Depuis la création du cinématographe par les frères Lumière et jusqu’à nos jours, le cinéma n’a cessé de changer, de progresser, de muter, et ceci sur tous les niveaux (la technique, le langage, la diffusion, la perception, etc.). Avoir des connaissances approfondies ou d’initiation sur le cinéma (son histoire, son esthétique, ses processus de fabrication, ses techniques...) permet une meilleure appréhension de cet art et de ses évolutions, qui sont malheureusement en voie de régression chez le récepteur moyen.

Une action en faveur de la reprise de la dynamique cinématographique en Tunisie ne saurait se faire en éludant la préparation à long terme des conditions favorables à sa réussite, dont en premier lieu : une éducation théorique et pratique généralisée à l’art du cinéma. Il devient vital dans une société submergée par une infinité d’images venant de toutes parts (aussi bien de l’occident que du Moyen-Orient) et sur tous les supports et les médias (télévision, publicité, Internet, téléphonie mobile) de donner immédiatement aux générations futures les outils nécessaire au décryptage de tout ce flux ininterrompu qui façonne qu’on le veuille ou non leur perception et leur rapport au monde et à l’autre, et qui de ce fait, conditionne jusqu’à un certain point l’avenir de notre pays.

Une initiation générale à l’image audiovisuelle et un enseignement plus approfondit sur son expression la plus haute, à savoir le cinéma, devra donc être entreprit par le Ministère de la Culture ainsi que différents ministères de tutelle comme le Ministère de l’Education ou celui de l’Enseignement Supérieur, mais aussi par les futurs Centre Tunisien de la Cinématographie, Cinémathèque Tunisienne et Centres Régionaux du Cinéma, sans oublier les institutions nationales déjà existantes comme la Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs, la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs, l’Association Tunisienne pour la Promotion de la Critique Cinématographique...

 

 

 

B - PROPOSITIONS

 

 

1 – Créer une matière « Cinéma » enseignée dés l’école jusqu’au bac (au même titre que les matières « Arts plastiques », « Arts dramatiques » ou « Musique »)

 

Il est capital aujourd’hui pour la constitution de tout individu dés son jeune âge, d’avoir une éducation à l’image et plus précisément une initiation au cinéma. Il est encore plus capital qu’une majeure partie de cette éducation et de cette initiation se fasse dans le cadre officiel de l’école, pour ensuite s’approfondir et se développer dans ceux du collège et du lycée. De gré ou de force, l’enfant puis l’adolescent sont exposés aux images et leurs personnalités sont susceptibles d’être façonnées par rapport à certaines d’entre elles. Le rôle du système éducatif est par conséquent de leur apprendre à décrypter ses images, d’aiguiser leur curiosité vis-à-vis des images minoritaires et de développer leur sensibilité et leur créativité cinématographiques.

Ce projet est d’autant plus logique qu’il rentre en cohérence avec une politique étatique déjà entamée de création au niveau de l’enseignement supérieur public d’établissements et de branches spécialisées en cinéma, audiovisuel et multimédia, en plus de l’existence de ce type d’établissements et de branches spécialisées dans l’enseignement supérieur privé. Il est donc tout aussi important d’entamer la formation bien plus tôt comme c’est le cas pour les arts dramatiques, les arts plastiques ou la musique.

 

2 – Réformer, améliorer et mieux accompagner l’enseignement du cinéma au niveau du supérieur

 

Ainsi préparée, la personne sera mieux armée à réussir ses études cinématographiques si tel est son choix puisqu’elle aura acquit une importante somme de connaissance et une toute aussi importante culture cinématographique. Automatiquement, un nivellement par le haut se produira au niveau de l’enseignement supérieur du cinéma et de l’audiovisuel.

 

Mais ce n’est pas tout et d’autres efforts importants du futur Centre Tunisien de la Cinématographie, du Ministère de la Culture et du Ministère de l’Enseignement Supérieur seront nécessaires pour accomplir le sursaut qualitatif des études de cinéma dont a besoin le cinéma tunisien.

 

Participer au financement des projets de fin d’études des étudiants de cinéma.

 

Intervenir pour les stages des jeunes étudiants de cinéma sur les productions nationales et internationales.

 

Soutenir les étudiants de cinéma à postuler pour des concours de formation au niveau national et international, en leur octroyant des bourses.

 

Créer un réseau de recrutement pour les jeunes diplômés des écoles de cinéma dans les institutions nationales, dans les sociétés de production et télés privées.

 

Envisager la création d’une branche d’enseignement destinée à la formation des futurs critiques spécialisés dans le cinéma au sein de leurs études cinématographiques en plus de cette possibilité au sein des études en presse et journalisme.

 

3 – Mettre en place une formation académique spécifique pour le cinéma d’animation

 

Aujourd’hui en Tunisie, il y a de plus en plus recours à l’animation dans le secteur audiovisuel et surtout dans les publicités. Il y a aussi une production grandissante de courts-métrages d’animation (professionnelle ou films d’écoles ou amateur), un studio d’animation (lié à CinéTéléFilms) et des tentatives collectives ou individuelles pour promouvoir et diffuser cette catégorie de films. Le cinéma d’animation est un art qui a un langage spécifique et surtout des techniques différentes de celle des autres  catégories basée sur une captation mécanique de la réalité immédiate devant la caméra (la fiction, le documentaire et en grande partie l’expérimental). L’instauration d’une formation académique au cinéma d’animation est plus que jamais nécessaire pour mieux accompagner cet art.

Il faudra envisager la création des branches spécialisées pour l’animation dans les écoles d’art (2d, 3d, patte à modeler, cartons découpés, etc.) et la création d’une école spécialisée dans l’animation.

 

4 – Mettre à niveau les professionnels et former professionnellement les non-diplômés

 

Organiser des ateliers d’initiation des techniciens professionnels des films et des salles par rapport aux technologies émergentes qui évoluent de plus en plus rapidement, pour assurer une mise à nouveau toujours renouvelée.

 

Créer des ateliers de formation professionnelle pour les non-diplômés désireux de faire du cinéma leur métier (ateliers d’analyse et de critique, d’écriture de scénario et de dialogues, de réalisation, de production, de prise de vue, de prise de son, de montage image et son...)

 

5 – Encourager la redynamisation du cinéma amateur

 

Subventionner encore davantage la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs tout en garantissant pour elle davantage d’indépendance d’esprit et d’action et tout en encourageant par ailleurs la création de clubs indépendants, de clubs en milieux scolaire, universitaire, hospitalier, carcéral, etc.

 

6 – Relancer le projet de « Baccalauréat Artistique » et lancer l’idée d’un « Campus Art »

 

 Relancer et soutenir le projet de « Baccalauréat Artistique » comme un passage obligé et un terrain de préparation pour les futurs étudiants dans les différentes disciplines artistiques. De cette manière, l’orientation ne se fera pas vers ces disciplines comme un dernier recours à contrecœur comme il est généralement le cas mais comme un choix désiré et assumé comme pour toutes les autres trajectoires.

 

Envisager la création d’un « Campus Art » regroupant toutes les institutions d’enseignement supérieur dans les différentes disciplines artistiques (arts plastiques, scéniques, musicaux, audiovisuels et littéraire) pour mieux faciliter les rencontres, l’émulation et la création collective entre les étudiants des arts.

 

 

C – CONCLUSION

 

 

            Ces propositions qui ont trait à « L’enseignement et la formation » sont fondamentaux pour une éducation à l’image en général et au cinéma en particulier.

Ce volet primordial pour l’avenir du pays ne se fera donc pas dans le cadre strict du futur Centre Tunisien de la Cinématographie mais aura vocation à être largement conçut par lui puis mené conjointement avec le Ministère de la Culture, le Ministère de l’Education Nationale, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et les différentes parties en présence existants ou à créer (professionnels, corps enseignant, syndicats, associations, fédérations, exploitants, corps social...). C’est donc le volet le plus participatif et qui nécessite à la base le volontarisme politique le plus important et le plus général.

 

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